
Au fond de la poche droite de la soutane du jeune moine Vikentios, seul au monde dans son petit monastère de l’île de Chios depuis la mort de tous ses occupants, soixante noisettes mangées une à une chaque jour pour égrener le temps de la grossesse de sa petite chienne Sissi, puis deux chiots qu’il y réchauffe comme une mère kangourou…
Cette poche, c’est aussi celle de la vie, des émotions qu’il a longtemps contenues dans sa tristesse et sa solitude, et qui va s’ouvrir au monde comme son coeur, dans une longue rêverie monologuée.
Dès le début, un parallèle s’établit entre la voix du journaliste diffusant à la radio pendant trois jours , le deuil national en grande pompe, et les funérailles de l’Archevêque d’Athènes, et ce qui devient un événement pour lui, dans l’austère simplicité du monastère dont il est le seul gardien, la mort de sa petite chienne et sa « résurrection » à lui dans sa volonté de sauver un des trois chiots qu’elle lui a laissés.
Ce texte écrit pas l’auteur de « la Chute de Constantia« , est poignant, triste et doux à la fois, et la portée de cette méditation sur le temps, la mort, la vie, la solitude, le renoncement, est universelle.
Geneviève Moreau-Bucherie.