« Coucou Lou ! Welcome, sur le canal du Midi … »
Sur ce lien, la carte du périple :
http://www.canal-et-voie-verte.com/La-carte
J1: Mercredi 13 juillet. Toulouse, Castanet-Tolosan, écluses de Castanet, écluse de Mongiscar, écluse d’Ayguevives, écluse du Sanglier, Montesquieu-Lauragais, écluse de la Négra, Villenouvelle.
Départ de Toulouse, on commence par se tromper de sens, sous une pluie battante. Un homme sort la tête d’une péniche accostée, je l’appelle madame! ça commence bien …J’en profite pour « déchaîner » mon vélo au vrai sens du terme !
On reprend donc le fil du canal du Midi et on s’arrête à la gare de Toulouse, déjà ! On engloutit Lou et moi nos limonades, sans soif, pour honorer la pause …
Rando en pointillés, 38 km entre les averses, certaines violentes, des rideaux de pluie s’abattent sur nos vélos, mais on a des capes…
…et on se met à l’abri sous un pont à AYGUEVIVES face à une péniche somptueuse nommée « Salammbô ».
Les platanes nous protègent de tout, du soleil (absent ce jour-là), de la pluie. L’ombre y est douce, le vent s’y affaiblit, et les gouttes nous rafraîchissent.
Le vaillant petit Lou avance avec son cross comme un chevalier dans la bataille.
Avec le casque sur la capuche rouge du kawé, on y croit ! Et quand on rajoute la casquette …mi chevalier mi homme du désert!
Les péniches dorment, toutes colorées, comme de grands animaux tranquilles près des berges, bien rangées entre les joncs et sous les platanes.
Parfois des bosquets de fleurs, des lauriers roses!
On s’arrête à l’écluse-buvette pour boire un café, Lou une glace : écluse de CASTANET
Nos vélos garés sur le côté comme des chevaux harnachés, celui d’Alain avec les cornes d‘un buffle, le mien si chargé à l’arrière que je ne peux le soulever pour le déplacer, obligée de lui faire faire un créneau en marche-arrière!
Mon vélo américain pourtant tout neuf, fait des grimaces et grince. Depuis qu’il a déraillé à Toulouse, il passe les vitesses tout seul, de manière aléatoire, je pédale dans le vide, avec des craquements, des secousses!
***
Arrivée à 16h30 au gîte « Joséphine » à VILLENOUVELLE. Une impressionnante bâtisse avec piscine, billard et salon de lecture: une immense bibliothèque internationale où l’on trouve deux livres sur l’Australie en anglais, et des photos de la barrière de corail. Il y a aussi un bar à Whisky, mais bon ! Notre chambre, une véritable suite, eau très chaude dans la baignoire pour dissoudre les kilomètres de la journée. Lou dort dans une petite chambre avec cosy corner des années 60 surmonté d’une bibliothèque que j’appellerai « cocathèque » !
Au repas, une tablée d’espagnols, de flamands et de français avec des enfants: discussions dans un anglais rudimentaire agrémenté de nos différents accents, sympa ! Je retiens une purée de melon dans un grand verre avec un sticker entouré de jambon cru ! Un délice.
J2 : Jeudi 14 Juillet : écluses de Laveil, Villefranche de Lauragais, écluse de Gardouch, écluse de l’Océan, seuil de Naurouze, rigole de la Plaine, Labastide d’Anjou.
Déjà oublié que l’on est le 14 Juillet, magasins fermés…Heureusement on a « gavé » Lou au petit-déjeuner…
Départ plus ensoleillé que la veille, avec la joyeuse perspective des 25 Km. On a « réparé » mon vélo qui a arrêté de grincer, comme dégrippé.
Bonheur de filer sur le chemin de hâlage en douceur ! un problème de réglé!
Mais on a faim! magasins résolument fermés, villages rares. Une part de pizza partagée au bord d’une écluse avec une belle oie blanche très libre qui se pavane: écluse de GARDOUCH.
Faim… Péniches et bateaux font diversion, car ils passent tour à tour l’écluse au partage des eaux: seuil de NAUROUZE.
Des hordes de touristes arrivés en car, en bateaux, se déversent sur les berges ; pique nique de « beaufs- hurlants » qui les interpellent ! c’est la grande classe. De très vieilles personnes agglutinées sur les péniches chantent » ce n’est qu’un au-revoir »; FUIR !
Flash back ! un peu avant, une halte improvisée dans un lieu aléatoire et improbable, sorte de ferme entre autoroute et canal, « paradis » babacool à l’ancienne, sculptures de récupération , visions d’apocalypse très destroy, mises en scène de carcasses de vélos alignés, de voitures de police, »picole »
un car de CRS encastré dans la façade le la batisse recyclé en véranda-bibliothèque.
le menu de la guinguette présenté à l’identique de l’association « bla-bla-bla »;
Accueil sympathique de l’hôtesse et de ses enfants qui me laissent ce lien pour mon blog.
http://assoblablabla.blogspot.com
Plus loin sur le canal, un bateau amarré; une femme peint un tableau représentant « la statue de la Liberté », sur le pont ! le Canal est plein de choses surprenantes, dirait Cendrars ! des petites zones de créativité entr’aperçues, éphémères. Il faut juste savoir saisir au bond le détail, l’oeil d’abord puis le viseur de l’Olympus et la plume pour le fixer ici. Recoudre en écrivant les petites pièces…
En longeant le canal, crissement des pneus sur le chemin de hâlage, sensation unique ! oiseaux dans les grands platanes, une image me vient : le grand Peintre trempe son pinceau dans l’eau vert-bronze et peint les arbres, les berges et l’herbe, il essuie son pinceau sur les troncs des platanes .
C’est magique de longer ainsi dans un bon rythme , un grand tableau qui se crée au fur et à mesure.
Arrivée le soir à l’hôtel de LABASTIDE D’ANJOU. La TV à fond à la terrasse du bar dehors: « Tour de France » ! Promenade dans le village, en bas au lavoir. trois enfants essaient de récupérer sur le ruisseau, leur bateau en bouchons et cure-dents, avec l’aide de leur grand-père. Lou s’en mêle, le radeau est sauvé avec une canne à pêche.
Et pour finir, un énorme cassoulet du chef !
Lou a compté avant de s’endormir, 173 vélos croisés sur le canal aujourd’hui, et dormi comme un loir …
NB : Un article dans la Dépêche du Midi, nous rappelle la mort programmée des
40 000 platanes du Canal du Midi, 2000 arbres déjà arrachés à cause du chancre noir qui les attaque aux racines, véhiculé par les amarres des bâteaux de plaisance …
J3: Vendredi 15 Juillet, Ecluse de Laurens, Castelnaudary, écluse Saint-Roc, écluse de Tréboul, écluse de Villepinte, écluse de la Peyruque, Bram, la ferme du Pinier.
Petit déjeuner terminé en rigolade… des coupes de foot au mur, les grands-parents indignes suggèrent au petit fils que ce sont en fait les prix d’un concours de pets … Quel niveau !!! Mais c’est vrai qu’on roule en Pays Cassoulet !
Départ sous un soleil éclatant; on rejoint le canal du Midi, en Shorts et T-Shirts.
Ballade lente cette fois et peu de km à avaler dans cette 3° étape: 25 ? 28 ? Arrêts à chaque écluse parfois triple, beaucoup plus de bateaux de tourisme ici, « The Road », des hollandais, des anglais …
Regarder les passages d’écluses, le remplissage des bassins, voir les bateaux monter et descendre en sur-place, un spectacle pour Lou .
Le Canal du Midi traverse maintenant Castelnaudary et nous avec lui ! très joli port: on achète des gants de vélo et des lunettes de soleil au chevalier, l’équipement est baroque mais complet !
Des canards dorment par paquets sur la berge parfois on s’arrête à côté d’eux et après hésitation ils descendent dans l’eau verte. D’autres plus téméraires, ou simplement blasés, n’ouvrent pas l’oeil à notre approche et poursuivent leur sieste à quelques centimètres de nos roues…
Dernière pause avant BRAM : à l’écluse de la Peyruque, fleurie avec exposition de céramiques: on s’arrête à la terrasse de la buvette en contrebas de la piste, à l’ombre : des petits carrés de « simples » cultivés au bord du canal, thym, romarin, menthe, mélisse, basilic à petites feuilles, fenouil…
A l’écluse de Saint-Cernin, un platane comme un vieil homme à la peau rugueuse, sorti d’un conte animiste, avec yeux et bouche dentue incrustés, un masque ? encore une découverte !
Arrivée à la ferme du Pinier à Bram, dans une propriété digne d’un château? « Accueillis » par un jeune Boxer fou, Lou terrorisé jette son vélo sur le chien ! Mais tout finit bien par une partie de rugby en babouches !!!
NB : Deux particularités dans ce gîte : la tranche de chapon farci sauce au cèpes et une icône du christ au-dessus du lit…
J4: Samedi 16 Juillet: de Bram ( fin du canal du Midi) à Saissac par Alzonne !
Départ de Bram et café au bord du canal du Midi retrouvé, avant de le descendre encore sur 10 km pour le quitter définitivement, en remontant sur Saissac.
La montée est rude, et à partir de l’abbaye, on marche littéralement « à côté de nos vélos », comme tenus en laisse sous le soleil, et sans eau ! On demande de « l’eau des vaches » à un agriculteur, au tuyau d’arrosage, goût de fer …
Un calvaire ! un martyr chrétien pour gagner notre paradis là haut sur la montagne ! …plus le cœur à prendre des photos, il faut du recul pour ça
Têtes vides, on ne sent plus nos pieds, tétanisés sur nos guidons.
On arrive enfin au ranch de l’Albéjot » un trésor est caché dedans » écrit sur le papier ! On plonge dans un jus de pomme glacé, puis un bain chaud ! Délivrance!
Dimanche 17 Juillet : ranch d’Albéjot, pause !
Troqué nos vélos pour des chevaux !
Lou s’amuse, heureux de s’occuper des bêtes: une truie galopante très indépendante, comme son propriétaire, a fui la bauge pour les champs et le petit bois, pour mettre bas 9 petits cochons roses qui gambadent entre les pattes des chevaux, des veaux aux doux yeux noirs, un vieux chien jaune qui attrape les mouches dans un sursaut d’énergie ! s’en prend-il aux mouches réelles ou au souvenir de toutes les mouches qu’il a connues dans sa vie de chien ?
Des photos indescriptibles du petit fils et de son papy montés sur des chevaux à la cow-boy !
Lundi 18 Juillet: L’Albéjot-Revel
Temps couvert, départ du ranch avec capes, vélos harnachés. on emporte dans du papier alu, le pâté de Dédé avec du pain brioché à déguster sur les Rigoles.
25 km de Rigoles, qui alimentent en eau le canal du Midi, c’est beau, calme et silencieux.
« Sentier » peu connu, on ne croise pas beaucoup de chats (!) et très peu de cyclistes, deux pêcheurs on ne sait de quels poissons, on apprend plus tard qu’il y a des écrevisses dans l’eau courante de ces petits canaux.
Nous suivons ce cours de leur eau sur la berge, bonheur de rouler toujours sur du plat !Nous finissons par 10 km de descente vertigineuse jusqu’à Revel, non stop ! Emotions !
Grisés comme sur des skis, récompensés des efforts de la rude montée de 350 mètres de dénivelé de l’avant-veille !
La rencontre du jour : l’aubergiste BIO- savante, à la sortie des Rigoles, qui nous raconte ses tartines de chèvres, sa « frênette » pétillante, son sorbet au chocolat, son escalier de frêne blanc, explique à Lou l’usage de la boussole des randonneurs, sur une carte routière et nous vend de petits savons bleu à l’huile de pastel .
Epilogue :
Je découvre ( redécouvre) que Lou est un « Bucherie-qui-parle » et que tout le monde aime, on the road ! Mon vaillant petit chevalier au VTT rutilant, malgré les coups de pied et les coups de blues de son maître, qui a cavalé à nos côtés, bien souvent devant nous ! sur plus de 160 Km en vélo !
Double épilogue : Lou m’a photographiée à Revel en train de terminer ce carnet de voyage, version manuelle ! dans un petit café !
FIN
Photos et texte de Geneviève MB