Ou Confessions en creux de Saint-Augustin par Elyssa, sa compagne recréée par Claude Pujade-Renaud, comme un écho de la belle Didon de Carthage .
Elle a réellement existé. A réellement vécu quinze ans avec l’Augustin des Confessions (354-430), avant qu’il ne soit évêque d’Hippone et Père de l’Eglise ; du temps où il était beau, jeune et sexuellement ardent ; et manichéen encore, cette hérésie qui prône le Bien et le Mal comme principes fondateurs du monde… Elle lui a même fait un enfant, la concubine de Carthage dont l’Histoire n’a pas retenu le nom ; un enfant qui mourra loin d’elle auprès de son père, à 17 ans. Il s’appelait Adeodatus. Elle, la maîtresse répudiée — Augustinus fut aussi un carriériste qui rêvait d’un opportun mariage —, se prénomme désormais Elissa sous la plume de Claude Pujade-Renaud.
Douée pour décrire et raconter les femmes, leur présence singulière au monde, leur rapport au temps, au corps, à la sensualité des choses, la romancière tisse aussi, via son héroïne, le tableau chahuté d’une époque de métamorphoses. Les dieux païens y disparaissent au profit du Dieu chrétien, les Barbares menacent l’hégémonie de Rome, les empires tombent et les certitudes volent ; Augustinus est hanté par l’inaccessible grâce. Et les hémorroïdes. Et la mère vampire : Monnica, l’horrible belle-doche. A vouloir témoigner au plus concret de l’existence d’Elissa, de sa douleur comme de sa renaissance, Claude Pujade-Renaud sombre parfois dans un prosaïsme laborieux par excès de bonnes intentions littéraires. Reste que cette plongée au cœur du Ve siècle romain, africain est passionnante et spirituelle odyssée.
Fabienne Pascaud – Telerama n° 3289