Virgile, Bucoliques, Eglogues 4 et 7. Latin Bac. 2011-2013.

Les Belles Lettres, Guillaume Budé
Les Bucoliques de Virgile.

Bucoliques: églogue 4,  » Pollion », vers 18 _45

 

« Muses de Sicile, élevons un peu le sujet de nos chants : tous n’ aiment pas les vergers et les humbles tamaris; si nous chantons les bois, que les bois soient dignes d’un consul… »

Il s’agit donc ici de la prédiction par le narrateur ( Virgile) d’ un retour de l’âge d’or.

Juxtalinéaire:

At tibi, puer, Et pour toi, mon enfant,

nullo cultu, sans avoir été cultivée

tellus fundet, la terre répandra

prima munuscula, en guise de premiers petits cadeaux,

errantes heredas passim, des lierres qui s’égarent de tous côtés

cum baccare, avec le baccar

mixtaque colocasia, et la colocasie mêlée

ridenti acantho, au riant acanthe;

ipsae domum referent capellae

d’ elles-mêmes les chevrettes rentreront à la maison ( au bercail)

lacte distenta ubera;

leurs mamelles distendues par le lait;

Nec armenta metuent

et les troupeaux ne craindront pas

magnos leones;

les grands lions;

ipsa cunabula

de lui-même ton berceau

tibi blandos fundent flores.

regorgera de fleurs superbes.

Occidet et(iam) serpens,

Même le serpent mourra,

et fallax herba veneni occidet.

et mourra la plante au poison trompeur ( trompeuse par le poison)

Assyrium vulgo nascetur amomum,  Partout naîtra l’amome assyrien.

At simul jam legere poteris, Et aussitôt que tu pourras lire

heroum laudes, les exploits des héros

et facta parentis, et les hauts-faits de ton père,

et cognoscere ( poteris), et apprendre

quae sit virtus, ce qu’est le courage,

paulatim flavesceret campus, peu à peu blondira la plaine

molli arista, sous les épis moëlleux,

incultisque sentibus,  et dans les buissons laissés à l’abandon

rubens uva pendebit, la grappe rouge pendra

et durae quercus sudabunt,  et les robustes chênes distilleront

roscida mella, une rosée de miel.

Pauca tamen vestigia, Toutefois quelques traces

priscae fraudis,  du vieux crime

suberunt, subsisteront,

quae jubeant,  qui pousseront (les hommes)

temptare Thetim ratibus, à attaquer Thétis avec leurs vaisseaux,

quae ( jubeant) qui (les pousseront)

cingere muris oppida, à ceindre de murailles les bourgs,

quae ( jubeant), qui (les pousseront)

infidere telluri sulcos. à creuser des sillons dans la terre.

alter erit tum Tiphys, Il y aura alors un autre Tiphys,

et altera Argo, et une autre Argo,

quae vehat delectos heroas, pour transporter les héros choisis;

erunt etiam altera bella, il y aura aussi d’autres guerres,

atque iterum ad Trojam, et à nouveau vers Troie,

magnus Achilles mittetur. on enverra le grand Achille.

Hinc, ubi jam firmata aetas, Alors, dès qu’un âge désormais affirmé

virum te fecerit, aura fait de toi un homme

cedet et ipse mari vector, le transporteur de lui-même renoncera à la mer;

nec nautica pinus, et le pin nautique ( le bateau de pin)

mutabit merces, n’ira plus échanger de marchandises:

omnis feret omnia tellus,  Toute la terre produira tout.

Non rastros patietur humus, le sol ne souffrira plus de la bêche,

non vinea falcem ( patietur) , ni la vigne de la faux,

robustus quoque arator, le solide laboureur même

jam tauris juga solvet, délivrera ses taureaux du joug;

nec lana discet mentiri, et la laine cessera de chercher à imiter

varios colores , les couleurs variées,

sed ipse in pratis aries , mais le bélier de lui-même dans les prés,

mutabit vellera,  changera sa toison

jam suave rubenti murice,  tantôt en un doux pourpre-roux,

jam croceo luto, tantôt en un jaune safran,

sponte sua, spontanément,

sandyx vestiet , la couleur rouge vêtira

pascentes agnos, les agneaux qui paissent.

 

Bucoliques : Septième églogue: « Autre joute », vers 21 – 44.

Dans la symétrie de la construction du recueil, cette joute fait écho à celle de la troisième églogue:  » Une joute ».

Mélibée :

Lors , chantant tour à tour s’ouvrit entre eux la joute;

tour à tour _ et la Muse a fait qu’il m’en souvienne_

L’un, Corydon, prélude et Thyrsis lui répond. » ( vers 18-20)

 

CORYDON: Corydon

Nymphae Libethrides, noster amor, Nymphes de Libéthros, nos amours,

aut mihi concedite, accordez-moi

carmen quale meo Codro, un chant pareil à ceux de mon cher Codrus

( proxima Phoebi versibus ille facit), ( il en compose de tout proches des vers  de Phébus),

aut, si non possumus omnes,  ou bien, si nous ne le  pouvons tous,

hic arguta pendebit fistula, ma flûte expressive pendra ( = j’accrocherai ma flûte sonore)

sacra pinu. au pin sacré.

 

THYRSIS : Thyrsis

Pastores, Bergers,

hedera ornate, parez de lierre

nascentem poetam, le poète naissant

Arcades, Arcadiens,

ut  ilia Codro, pour que les flancs de Codrus

invidia rumpantur ! en crèvent de dépit !

aut, si ultra placitum laudarit, ou bien, s’il (Codrus) m’a loué au-delà de ce qui plaît (outrageusement)

baccare frontem cingite, ceignez mon front de baccar,

ne noceat mala lingua, de peur que sa méchante langue ne porte préjudice

vati futuro, au poète futur.

 

COR: Corydon

Hoc tibi parvos Micon, Petit Micon t’offre

saetosi caput apri, la tête d’un sanglier hirsute,

Delia, Délia,

et ramosa vivacis cornua cervi, et la ramure ( bois cornus) d’un cerf au grand âge.

Si proprium hoc fuerit, Si cela m’est possible,

tota stabis, tu te dresseras ,

levi de marmore tout en marbre poli,

puniceo suras evincta coturno. les jambes serrées par les courroies d’un cothurne pourpre.

 

THY: Thyrsis

Sinum lactis et haec te liba quotannis,

Reçois en libation tous les ans, une jatte de lait et ces gâteaux,

Priape, Priape,

exspectare sat est:

 c’est tout ce que tu peux attendre !

custos es pauperis horti. tu es le gardien d’un pauvre jardin.

Nunc pro tempore, Jusqu’à présent,

te marmoreum fecimus; nous t’avons représenté en marbre

at si fetura gregem suppleverit, mais si des petits repeuplent notre troupeau,

tu aureus esto. sois d’or !

 

Notes : cette offrande de la flûte à l’arbre consacré à Pan signifierait l’abandon de la musique.

laudarit= laudaverit ( crase poétique / baccar : plante dont on tirait un parfum./ parvos = parvus

COR: Corydon

Nerine Galatea, Fille de Nérée, Galatée,

mihi dulcior, plus douce pour moi

thymo Hyblae, que le thym de l’Hyblas,

candidior cycnis, plus blanche que les cygnes,

formosior hedera alba, plus belle que le lierre pâle,

cum primum pasti tauri, dès que les troupeaux repus

repetent praesepia, regagneront leurs étables

si qua cura te habet, si tu as de l’amour encore

tui Corydonis, pour ton Corydon

venito ! viens! ( = tu viendras !)

 

THYR: Thyrsis

Immo ego videar tibi, Que moi, au contraire, je te paraisse

Sardoniis amarior herbis, plus amer que les herbes Sardes,

horridior rusco, plus rugueux que le petit-houx,

vilior projecta alga, plus vulgaire que l’algue échouée,

si  haec lux , si ce jour

mihi non est jam longior, ne m’est pas plus long

toto anno , qu’une année tout entière,

ite domum pasti juvenci, allez à la maison, mes taureaux repus,

si quis pudor, si vous avez encore un peu de honte,

ite ! Allez !

Notes : la Délienne = Diane /  sat est = satis est 

FIN

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