Maman aurait cent ans, le 16 mai 2019…ou le parcours de notre mère magnifique et charismatique .
Andrée Noël, née le 16 mai 1919 à Blâmont en Lorraine de Marthe et Georges Noël, est l’aînée d’une famille de quatre enfants, Andrée, Janine, Jean et « petit » Paul, qui disait, lorsque les trois aînés aimaient à raconter des souvenirs joyeux, insolents et drôles de leur enfance: » Pourquoi moi, je ne suis jamais né ? »

J’ai sorti du cadre, cette photo d’elle, photo d’identité réalisée au Studio Briand, qui existe toujours à Chambéry !Maman, notre « star » était belle, élégante et lumineuse avec ses yeux bleus très clairs presque transparents, elle ressemblait aux actrices d’après-guerre, Michelle Morgan, pourquoi pas ? Elle était rayonnante, généreuse, ouverte, moderne et drôle.
La petite fille de Lorraine du côté de sa mère, Lyonnaise du côté de son père, et Chambérienne d’adopion…
Elle vécut toute petite à Monbar au début des années 20, puis enfant et jeune adolescente à Casablanca où elle part vers 4 ans avec sa famille, et Janine y est née en 1923, le petit Jean en 1925; ils quittent assez vite Casablanca pour Oujda, Maroc, où George , notre grand-père travaillait en tant que dessinateur industriel, aux plans de la construction de la gare d’Oujda , jusqu’au début des années 30. Ils y vécurent une dizaine d’années, selon ma tante Janine Noël-Bellet.

La famille Noël revient alors à Chambéry, ville du rassemblement des familles de notre père et de notre mère, au retour du Maroc, et s’y trouvent pendant la guerre. Ils résideront alors à Monjay, dans une maison avec jardin, rue Louis Abrioud, quartier de la famille Bellet, où Janine, la soeur cadette, rencontrera et épousera Roger. Pendant ce temps Jean rencontrera Janine Mingot, et vivra avec elle à Saint-Alban, proche commune de Chambéry. Plus tard, Paul épousera Monique Gasteuil.
Notre grand-mère Marthe, décédée jeune, en 1940, Georges en 1949, nous ne les avons pas connus. Notre grand-père dit « le papa Noël » pour sa bienveillance, élèvera seul ses quatre enfants, avec l’aide d’Andrée, qui sera un peu la mère du petit Paul, alors âgé de 8 ans.

L’institutrice passionnée par son métier.
Nous nous souvenons d’elle corrigeant ses cahiers le soir et préparant la leçon de calcul du lendemain, avec des petits tampons et un alignement d’additions et de soustractions à résoudre. Elle quittera ce métier pour nous élever au moment de son départ à Madagascar, mais nous incitera sans cesse ma soeur et moi, à pratiquer un métier qu’on aime, pour être » libres et indépendantes. »

Andrée et sa belle-soeur Janine Mingot-Noël, comme elle élève-institutrice, assise au premier rang, 4ème à partir de la droite, détails de la grande photo de classe ci-dessus promos 42 et 43.
Elle a obtenu en effet son Brevet Supérieur à 23 ans en 42. Son premier poste au Thyl en Maurienne, institutrice en haute montagne, l’hiver à ski pour le rejoindre.
L’amoureuse…Elle rencontre Marcel, le copain de son jeune frère Jean, qui vient régulièrement dans leur maison de Monjay. Il y loge même un moment, pendant la guerre. Il passe son Bac en 1942, elle est institutrice, lui prépare ses études au lycée de Parc à Lyon, puis école des Mines à Nancy pour devenir ingénieur-géologue.

La sportive, championne de gymnastique et grande marcheuse…Les balades, véritables randonnées, en vélo de Chambéry à la Féclaz, à pied dans les montagnes, Saint-Jean-d’Arvey, le Revard, le mont Sire, le Nivolet et aussi en vélo sur le lac du Bourget, dans le coin actuel de la Cabane du pêcheur ( restaurant), c’était la tendance après-guerre, des activités « de plein air ».
Ici Andrée sur la route des Bauges.
La grande soeur tant aimée… Les voilà, toute une bande d’amis et de frères , soeurs et belles soeurs, randonnant , skiant… Avec, Jean, dit « Le John », Paulo, Janine dite « La Jnoune », Jacqueline, sa belle-soeur, qui se considérait comme sa « petite soeur »...
Andrée, « La Deye » pour sa fratrie, était très proche de sa famille Noël, ils se retrouvaient souvent lorsqu’elle vivait à Chambéry.

C’est alors que le jeune couple part vivre sa vie professionnelle et familiale à Lachaux, dans le Forez et ses mines d’Uranium, près de Vichy où nous sommes nées, Dominique et moi, au tout début des années 50, dans l’ordre inverse puisque je suis l’aînée.
La jeune femme du Forez…Voici notre mère en poste à Ritz-Chateldon, puis à l’école même de la commune de Lachaux, où nous habitons. Je serai d’ailleurs son élève en cours préparatoire, c’est elle qui m’apprend à lire. Notre père est un jeune géologue employé ici, par ce qui était alors le Commissariat à l’Energie Atomique. ( CEA)

Nous vivons dans une cité de bungalows préfabriqués CEA. Nous y demeurons tous les quatre jusqu’en 1955, grand départ pour Madagascar.
Dans l’album ci-dessous, de g à dr : Andrée en « prospecteur » descend dans la mine avec Marcel, elle me tient par la main, et elle, au centre, avec moi devant et sa soeur Janine avec Annie
Maman à la maternité de Vichy « La Pergola », maman et moi devant notre « bungalow », et avec Dominique ma petite soeur.

L’expatriée à Madagascar…Une vie d’itinérances.
La baroudeuse en Afrique , Maroc dans son enfance et Madagascar dans sa vie de femme, 20 ans de vie « outremer », comme elle le disait.
Notre petite famille s’envole en « super-constellation » d’Air France, de Paris-Orly à Tananarive, avec de nombreuses escales mythiques pour les gosses que nous étions, nous nous souvenons, au cours de nos allers et retours retours en France durant cette période, d’Athènes, Nairobi, Le Caire, Djibouti, Dar-Es-Salam … Khartoum, où notre mère nous déshabillait et nous descendions la passerelle en culotte « Petit Bateau« , lorsque le commandant de bord annonçait la température tropicale extérieure, 40 degrés et plus….

Madagascar, de 1955 à 1964, pendant 9 ans, nous habitons d’abord à Fort-Dauphin, « en brousse » au Sud de l’île, où ma mère me fait la classe à la maison, une grande case avec véranda et groupe électrogène, avant de vivre à la capitale, dans une maison du quartier d’Andohalo à Tananarive. Andrée renonce à son métier d’institutrice pour suivre notre père et élever ses enfants : un petit frère naît à Tananarive en 58. Mais toujours elle nous parlera de ce métier qu’elle vivait comme son identité.

Notre mère et notre père, de retour en France en 1964, vivront à Cholet, puis à Limoges et à Gif-Sur Yvette, Marcel faisant le tour de tous les puits d’Uranium, ils nous laisseront sur leur chemin, moi à Poitiers, ma soeur à Limoges, notre frère dans la région parisienne, à Morangis, au gré de nos études et de nos « départs » dans la vie….Ils retournent à Chambéry dans leur appartement de l’avenue de Turin, où mon père réside encore aujourd’hui. Notre père a pris sa retraite en 1985. Maman nous quitte en octobre 1988 après une lutte longue et courageuse contre son cancer, et repose dans le cimetière de Chambéry où se trouve toute sa famille.
La grand-mère heureuse…Paméla, Clémence, Agathe et Bérengère, ses petites filles des années 80. Elle ne connaîtra pas Pierrick ni Hélo, nés en 88 et en 93.



Et cette recette de Carry indien Karane de Tananarive, emblématique de notre famille avec le Romazafy national malgache, mis au point par notre mère, très bonne cuisinière « exotique », avec association de Rougayes indiens et comoriens.
Curry de poulet indien : Cliquez sur ce lien pour télécharger la photo et la recette intégrale.

Faire revenir les cuisses de poulet dans un peu d’huile d’arachides, dans un faitout.
Ajouter la tomate pelée et coupée en petits quartiers, avec son jus.
Verser le lait de coco et la noix de coco en poudre. Remuer à la spatule.
Ajouter la pulpe de la pomme épluchée et râpée, ainsi que le jambon mixé.
Saler et épicer : le gingembre haché, une pincée de piment, 1 cuiller à café de curcuma, 1 cuiller à soupe de curry, de la coriandre ciselée.
Cuire à feu doux après la première ébullition et laisser mijoter couvert environ une heure.
Vérifier la cuisson en piquant une lame de couteau dans la viande qui doit être moelleuse.
Les 7 rougayes :
Préparer les rougayes à servir à côté du plat de curry, dans 7 petits bols chinois.
1 bol de banane coupée en fines rondelles avec un peu de jus de citron pour éviter la fermentation.
1 bol d’avocat coupé en petits cubes avec jus de citron aussi
1 bol de mangue coupée en cubes
1 bol concombre coupé en rondelles fines et légèrement salé
1 bol de citrons verts coupés en j fines rondelles puis en quartiers, avec leur peau
1 bol de purée de cacahuètes
1 bol de rougaye de tomates (voir recette du Romazafy malgache)
Le riz :
Préparer à part du riz blanc basmati, à cuire à la créole dans de l’eau bouillante salée.
Servir dans les assiettes un dôme de riz blanc, la viande et la sauce du curry au-dessus et disposer autour 7 petits tas de rougayes. Plat sucré-salé, doux-piquant, poétique et très coloré !
Merci à ma soeur Dominique et à ma belle-soeur Pascale pour les scans des photos de l’album de famille, à mes tantes, Janine Mingot-Noël et à ma cousine Annie Bellet qui ont comblé mes lacunes temporelles dans le parcours de ma mère, aux souvenirs évoqués par Jacqueline et par mon père. Bien évidemment il ne s’agit ici que de quelques angles de sa vie si riche et généreuse qu’elle nous laisse un merveilleux souvenir d’elle, et un héritage chaleureux. GMB
Bravo pour ce travail de mémoire et ce bel hommage Et merci de nous faire recoller tous ces morceaux qui font partie de toi Bises
Envoyé de mon iPhone
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Merci Bernard pour ce petit commentaire sympa.bises
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un grand bravo pour ce magnifique travail de mémoire mais Jeannine souffrant de la DMLA te serait-il ma chère GEGE de lui en faire une version papier
D’avance merci
Plein de gros bisous savoyards de nous deux
Ta Clairette
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C’est fait, de même pour Jacqueline et Marcel. Je vous l’envoie demain
Bises et merci pour ce commentaire
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Très bel hommage rendu à votre maman.
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Joli pan de mémoire, l’enfance est toujours proche, et les ancêtres présents. Bel hommage, merci de ce partage
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Chère cousine,
Merci pour ce rappel émouvant que nous avons transféré à nos enfants.
Bises à vous tous
Michel et Dominique
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Merci Michel pour ce petit message. Faire ce parcours sur mon blog ,c ‘est le refaire
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C’est le refaire avec La Deye, la Jnoune, le John et le Paulo. Je vous embrasse chers cousins de mon enfance . Geneviève
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Un très grand merci Gégé pour la version papier Jeannine l’a beaucoup apprécié elle a pu aussi discuter de la famille le jour de son anniversaire avec Sylvain qui lui aussi était content de mieux connaitre d’où il venait
Ta Clairette
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Ça diffuse partout dans notre famille, Annie, Michel, Gilles, Damien, Jacqueline, Marcel, Elodie Melanie, Martine, Pascale, Janine et toi, c’est au delà de mes espérances et je voulais tant le partager avec vous tous !
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Et Dominique , Bérengère, Pamela, Agathe et Nadia
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Merci, chère Geneviève, pour ce beau montage, ces photos émouvantes!
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