Texte 5, Acte II Edition bilingue les BL, page 325
Première partie de la scène : vers 387 – 403
PH – Removete, famulae,
Ecartez , femmes,
purpura atque auro illitas vestes,
ces tissus imprégnés de pourpre et d’or,
procul sit
au loin ( que soit loin de moi)
muricis Tyrii rubor,
le rouge du murex de Tyr,
quae fila
et ces fils ( de soie) que
ramis ultimi Seres legunt.
les Sères lointains cueillent aux branches !
brevis zona constringat
qu’une courte ceinture retienne
expeditos sinus,
le vêtement laissé libre ,
cervix monili vacua
le cou sans collier
nec niveus lapis
et pas de perle , qui pende aux oreilles,
Indici donum maris ;
don de la mer de l’Inde ;
crinis sparsus vacet
que mes cheveux ne soient pas aspergés
odore Assyrio.
de parfum de Syrie.
Sic temere jactae comae
Qu’ainsi jetés au hasard mes cheveux
perfundant colla,
retombent sur mon cou ,
umerosque summos,
et sur le haut de mes épaules,
cursibus citis
dans ma course rapide
sequantur motae ventos.
qu’ils flottent au gré des vents (suivent le mouvement des vents).
Laeva manus se pharetrae dabit,
ma main gauche se donnera au carquois,
dextra (manus) que ma dextre
hastile vibret Thessalicum .
brandisse le javelot deThessalie.
Severi Hippolyti
Du sévère Hippolyte
talis mater fuit ;
telle était la mère ;
qualis Tanaitis aut Maeotis
(que) fille du Tanaïs ou de la Méotide
relictis frigidi Ponti plagis
lorsque quittant les régions du Pont glacial
egit catervas
elle mena ses troupes
Atticem pulsans solum,
foulant le sol de l’Attique,
et nodo comas coegit
et rassembla ses cheveux en noeud
emisitque,
et les relâcha,
lunata pelta,
un petit bouclier en forme de croissant
latus protecta,
couvrant ses flancs,
talis in silvas ferar.
telle j’irai courir les bois .
Seconde partie de la scène :
« Action de la Nourrice » vers 404 – 430.
Le choeur – la Nourrice
CH- Sepone questus :
Exclus ton chagrin ( ne te plains pas )!
non levat miseros dolor ;
la douleur n’apaise pas le malheur !
agreste placa virginis numen deae .
concilie-toi la puissance agreste de déesse vierge !
NUT – Regina nemorum,
Reine des bois,
sola quae montes colis
qui seule habites les montagnes,
et una solis montibus coleris[1] dea,
seule déesse aussi à être honorée dans les montagnes solitaires,
converte tristes minas
change ces menaces funestes
ominum in melius.
en un meilleur présage.
O magna dea
Ô grande déesse
silvas inter et lucos
des ( parmi les) forêts et des bois sacrés
clarumque caeli sidus
(et) astre brillant du ciel
et noctis decus,
et parure de la nuit,
cujus relucet mundus alterna vice,
dont reluit à son tour l’univers
Hecate triformis,
Triple Hécate,
en ades coeptis favens.
sois ici présente, favorable à mes projets.
Animum rigentem tristis Hippolyti doma :
Dompte l’âme glacée de l’austère Hippolyte
det facilis aures ;
qu’il me prête une oreille favorable ;
mitiga pectus ferum :
adoucis son coeur sauvage :
amare discat,
qu’il apprenne à aimer,
mutuos ignes ferat.
brûle d’un feu mutuel.
Innecte mentem :
Bride son esprit :
torvus, aversus, ferox, in jura Veneris redeat !
que farouche, hostile, intrépide, il revienne à la loi de Vénus !
Huc vires tuas intende :
tends-y tes forces :
sic te lucidi vultus ferant
puissent-elles ainsi te nimber d’un vif éclat
et nube rupta cornibus puris eas,
et aller briser les nuées de tes cornes immaculées,
sic te queant,
puissent-elles ainsi,
regentem frena nocturni[2] aetheris
dirigeant ton char nocturne aux cieux ( ton char aux cieux nocturnes)
detrahere numquam Thessali cantus
ne jamais t’attirer au chant d’une Thessalienne
nullusque de te gloriam pastor ferat.
et que nul berger ne tire gloire de toi .
Ades invocata … dea,
Te voilà déesse invoquée,
jam fave votis :
sois à l’instant favorable à mes voeux :
ipsum intuor solemne venerantem sacrum
c’est lui ! je le vois vénérer avec respect ton autel
nullo latus comitante.
sans compagnon à ses côtés.
_ Quid dubitas ?
_ Pourquoi hésiter ?
Dedit tempus locumque casus :
le hasard m’a offert ( m’offre) l’occasion et le lieu:
utendum artibus.
il faut user d’adresse .
Trepidamus ?
Je tremble ?
Haud est facile mandatum scelus audere ;
Il n’est pas facile d’oser sur ordre un crime ;
verum justa qui reges timet, deponat,
mais il faut bien (il est juste ) que celui qui craint les rois, abdique
omne pellat ex animo decus :
chasse tout sentiment d’honneur de son coeur :
malus est minister regii imperii pudor .
c’est un mauvais serviteur du pouvoir royal que le remords.
[1] Colo,ere : habiter et honorer, deux termes et deux sens, vers 406 et 407.
[2] « nocturni » porte sur aetheris syntaxiquement mais sur frena pour le sens . Trdauire « ton char nocturne.
Geneviève Moreau-Bucherie