Texte 1 : vers 1 à 24
Traduction en juxtalinéaires et pistes de commentaire
Texte 1 : Prologue vers 1 – 24 « Exortation d’Hippolyte à la chasse «
Hippolytus: vers 1-8
Ite, umbrosas cingite silvas, Cecropii, Allez ! cernez ces forêts ombreuses, fils de Cécrops,
summaque montis juga, celeri planta, et les très hautes cîmes de ce mont, d’une course ( pas) rapide
lustrate vagi quae loca subjecta jacent, parcourez en tous sens ces plaines ( lieux) qui s’étendent en-dessous
saxoso Parnetho, sous le Parnès rocailleux,
QUAE…amnis rapida Thriasiis vallibus, qu’un torrent rapide dans les vallées de Thrie
verberat unda, currens. frappe de son onde, en se précipitant.
Scandite colles semper canos nive Riphaea, escaladez ces cols éternellement (toujours) blanchis . par la neige des monts Riphées.
vers 8-16
Hac, hac, alii ! Par ici, par ici, vous (autres) !
QUA nemus…texitur alta alno , par ce bois où est tressée une couronne , par l’aune altier ( = où l’aulne altier tresse sa couronne)
QUA prata jacent, où s’étendent ces prés
QUAE, rorifera mulcens aura, que, d’une douce brise porteuse de rosée,
Zephyrus evocat vernas herbas, le Zéphyr couvre d’herbes printanières,
UBI Ilissos levis…labitur, graciles agros, où l’Ilissos, léger glisse parmi de maigres plaines ( champs),
UT Maeander super aequales ( agros) , comme le Méandre en ses plaines égales;
piger, amne maligno, avec nonchalance ( nonchalant), de son eau avare,
steriles harenas radit. il rase un sable stérile.
vers 17-24
Vos, (ite) tramite laevo Marathon, vous, (allez) par ce sentier à gauche, à Marathon
QUA saltus aperit, où s’ouvre le défilé,
QUA fetae, comitatae gregibus parvis , par où les mères qui ont mis bas, accompagnées du troupeau de leurs petits
nocturna pabula petunt, gagnent les pâturages de nuit.
vos, QUA durus Acharneus subditus , vous ( allez) où le flanc du rude Acharnès ( la partie placée sous le rude Acharnès)
tepidis austris mollit , frigora. est adouci par les tièdes vents du sud en ce qui concerne le froid ( acc. de relation).
Alius, rupem dulcis Hymetti… calcet, toi, ( un autre) va fouler la roche du doux Hymette,
alius, parvas Aphidnas. toi, le sol de l’étroite Aphidna .
FIN
Eléments de commentaire:
Ce début de prologue nous présente le personnage d’Hippolyte à travers son exhortation aux chasseurs. Lui-même chasseur, il fait preuve ici d’une incroyable énergie dans un appel au mouvement dans un espace géographique, celui de l’Attique, arpenté dans tous les sens sous le signe de » celeri planta » et de « vagi ». Energie donc et vitesse, il s’agit de couvrir tout son territoire, celui de la chasse et de la nature avec laquelle il est en symbiose. 1- Une invitation pressante et urgente . 2- Un territoire arpenté sous le signe du méandre dont le motif grec épouse la syntaxe de ces premiers vers .
1- Une invitation pressante et urgente : – Hippolyte aux chasseurs : une adresse théâtrale, qui indique les lieux traversés dans son discours ( silvas, juga, loca …) sur la scène. – Adresse énergique sous l’impulsion de l ‘impératif inaugural « Ite », relayé par l’impératif «cingite au v 1, « lustrate » au v 3, « scandite » au v 7. – urgence dans les termes qui disent la vitesse : « Celeri planta », au pas de course, et « vagi » en tous sens.. Car il s’agit d’une battue .
2- Un territoire arpenté: – Un itinéraire géographique: forêts ( silvas, nemus), haute montagne ( « juga, summaque montis, colles), plaine ( loca, agros), vallées ( vallibus), prés ( prata), sables ( harenas), gorges ( saltus), rocs ( rupem), sans compter les torrents ( amnis )… celui de l’Attique : ( saxoso Parnetho, Thriasiis vallibus, nive Riphaea, Ilisos, Marathon, Acharneus, Hymetti, Aphidna…) noter la poésie des noms propres. – mouvement haut-bas : des « summaque montis juga » ( crêtes des plus hauts sommets, au v 2) aux plaines et vallées se situant au dessous (loca quae subjecta jacent au v 5) A nouveau Haut : « colles semper canos » ( cols aux neiges éternelles), et Bas: descente à travers les bois ( nemus), les prairies ( prata) avec rétrécissement sur les herbes ( vernas herbas) remuées par le vent ( Zephyrus) et trempées de rosée ( rorifera aura). et la vallée du cours d’eau Ilissos qui serpente à travers lessables ( per graciles Ilisos…steriles amne maligno radit harenas). Haut : rocher « rupem dulcis Hymetti », Bas : bourg de l’Attique « parvas Aphidnas ».
3- sous le signe du motif du méandre :
– une comparaison explicite : l’Ilisos grec au maigre cours et le Méandre d’Asie Mineure au mouvement régulier. v 13- 16. A « aequales » s’opposent « graciles » et « steriles » qui soulignent le cours plus tourmenté de l’Ilisos, avec ses méandres: – la syntaxe mime ce mouvement sinueux : Lieux traversés par les chasseurs au pas de course se superposent aux lieux traversés par les méandres du petit torrent : double mouvement marqué par les attaques des subordonnées de lieu par anaphore de QUA ( lieu par où l’on passe) et les corrélatifs HAC .( par ici !) Les relatives QUAE prolongent le mouvement sineux du passage. Ite QUAE loca …jacent , QUAE …verberat hac, hac QUA … texitur QUA… jacent QUAE …evocat UBI PER ….radit Vos QUA …aperit QUA … petunt Vos QUA …mollit. CCL : Energie d’Hippolyte transmise à ses chasseurs, course à travers un paysage bucolique évoquant l’âge d’or. Dynamique de la syntaxe dans cet appel à « traverser » en courant dans tous les sens , comme le fait le cours méandreux du petit torrent.
Ce prologue dessine fortement les traits d’Hippolyte, son caractère, sa fusion avec la nature qui l’éloigne du commerce des hommes et de leurs intrigues . Et pour cause !
Geneviève Moreau-Bucherie